Chef-lieu du District des Savanes et de la région du Poro, Korhogo est aujourd'hui la quatrième ville de Côte d'Ivoire en termes de population et d'économie. Elle compte 430 000 habitants en 2020, à 95 % de croyants africains, principalement des autochtones sénoufo (Tiembaras, Fodonons, Nafaras, Kafires) et Malinkés, des allochtones de diverses régions de la Côte d'Ivoire, mais aussi de Burkinabè, Sénégalais et Maliens. Les patronymes typiques sénoufo sont au nombre de cinq : Soro (animal sacré : la panthère), Tuo (animal sacré : le phacochère), Silué (animal sacré : le singe noir), Sékongo (animal sacré : l'écureuil de terre) et Yéo (dont l'animal sacré est l'antilope rouge à raies et taches blanches).
La communauté sénoufo est essentiellement paysanne, croyante et hiérarchisée en castes d'initiés, dotée d'une forte cohésion socio-religieuse qui suscite depuis longtemps fascination et interrogations.
Et de fait, monter dans le " Grand Nord ", c'est, pour beaucoup de gens, aller à la rencontre de la véritable Afrique, imprégnée de surnaturel et de mystique, là où le sacré et le quotidien entretiennent un dialogue permanent qui échappera toujours aux cartésiens occidentaux.
Le Mont Korhogo, gardien ancestral de la ville, n'est jamais très loin dans le ciel.
Au détour d'une rue, le bois sacré de Korhogo réaffirme l'importance des traditions et du Poro. Cette société initiatique faisant à la fois office d'autorité morale, de régulateur social et d'appareil répressif base son enseignement sur le respect des aînés, le travail en collectivité et l'obéissance aux règles. Tout en embrassant la modernité et le développement, Korhogo vit encore dans cet esprit du village. Les communautés y cohabitent en bonne intelligence. Ici, le pacifisme est une tradition familiale, puisque l'illustre patriarche Péléforo Gbon Coulibaly né Péléforo Gbon Soro vers la fin des années 1860 et décédé le 19 septembre 1962 signa un pacte de paix avec Samory Touré avant de sceller avec Félix Houphouët-Boigny l'alliance historique du Nord et du Sud.
Pour les newcomers ils seront surpris de voir la bravoure des femmes sénoufo. Elles ne manquent ni de courage ni d'ardeur à la tâche.
Dans la région septentrionale, on cultive et on élève, bien sûr. Mais on forge aussi, on sculpte, on tisse, on peint, on polit, on malaxe, on pétrit...
Le Sénoufo est souvent agriculteur autant qu'artisan, et vice-versa, et ce n'est pas pour rien que les forgerons, maîtres de la flamme et du fer, occupent une position si particulière au sein de la société : ce sont les outils qu'ils produisent qui rendent l'agriculture possible.
On y prépare aussi le beurre de karité, et pour ce faire, " il vaut mieux être de bonne humeur, sinon la pâte ne monte pas ".
A Waraniéné et Katia on tisse, à Koni on forge. A Kapélé et Napié on y trouve des perles d'argile, et enfin à Fakaha, on y trouve les toiles de Korhogo [Nos grands-mères filent le coton, nos pères le tissent, et nous, nous le peignons]. Ici, les souvenirs pèsent moins lourd que les rêves...
Investir à Korhogo - Investir en pays Senoufo - Investir dans la cité du Poro
Cela fait quelques temps que je recommande à quelques proches d'investir à Korhogo vu son potentiel.
A chaque visite au cours de ces dernières années, je suis à chaque fois bluffé par le dynamisme des acteurs économiques locaux : de véritables entrepreneurs !
Heureusement qu'il y a encore beaucoup de places à se faire par ici.
Je vous partage quelques 5 idées d'affaires à petits et moyens budgets qui peuvent être très rentables dans la cité du poro
Ce n'est pas dans un ordre précis*
1- Service d'entretien de splits
Cible : Les nombreux hôtels de la ville (Korhogo est une cité touristique)
2- Service de captation photo/vidéo, montages vidéo
Cible : la population en générale - le peuple sénoufo est plutôt festif (naissance, baptême, mariage, mais surtout funérailles quasiment tous les week-ends)
3- Achat-revente de produits locaux : beurre de karité, miel, soumara, perles, toiles etc.
Cible : la population abidjanaise ou celle vivant hors de la Côte d'Ivoire
4- Jardinerie et service de paysagiste
Cible : la population huppée qui régulièrement fait venir ses plantes et jardiniers de la capitale abidjanaise
Avoir en son local un puit ou une source d'eau est primordial pour réussir cette activité
5- Service de conciergerie immobilière
Cibles : la population huppée et les nombreux hôtels de la ville.
Il y a un temps pour rêver et un autre pour réaliser ses rêves!
Quel projet semble convenir à vos aptitudes ? Avez-vous d'autres idées de business ?
L'économie locale.
Elle est essentiellement basée sur l'agriculture. Le coton, aussi appelé " or blanc ", l'anacarde et la mangue sont les principales cultures de rente de la région, où l'on cultive également le riz, le maïs, le mil, l'arachide... Mais l'élevage (bovins, porcins, ovins, caprins, volailles...) et le commerce sont particulièrement dynamiques dans cette cité-carrefour. Le département est aussi réputé pour la richesse de ses traditions artisanales et artistiques. Le Sénoufo a souvent double vocation d'agriculteur et d'artisan.
La réputation mondiale de l'art sénoufo
En novembre 2014, lors d'une vente aux enchères organisée par la maison Sotheby's à New York, une statue féminine (Debele) sénoufo provenant de la collection de l'homme d'affaires et magnat de la chaîne des salons de coiffure Regis Corporation, Myron Kunin, s'est envolée à 11 millions d'euros : il s'agit d'un record absolu pour une oeuvre d'art africaine aux enchères dans le monde. Datée de la fin du XIXe-début XXe siècle, cette pièce qui transcende le corpus de l'art classique africain s'était vendue 1 million de dollars en 1989. Elle est aujourd'hui considérée comme l'un des plus grands chefs-d'oeuvre de l'art mondial. D'une facture exceptionnelle, elle a appartenu à certains des plus grands collectionneurs d'art africain du XXe siècle, dont le psychiatre Werner Muensterberger, le conservateur et historien de l'art William Rubin, et l'artiste Armand Arman. Ces soixante dernières années, elle a été exposée dans les plus grands musées du monde.
Quintessence de la sculpture sénoufo reconnue de par le monde comme un chef-d'oeuvre d'abstraction, elle appartient à un corpus rarissime attribué au " Maître de Sikasso ", dont on ne connaît à ce jour que deux autres productions. Le minimalisme et l'épure des traits font de cette pièce unique l'une des manifestations les plus emblématiques du génie africain. À l'instar des régions montagneuses de l'Ouest, les masques et statues revêtent une importance primordiale en pays sénoufo. Intermédiaires d'un dialogue permanent avec les esprits de l'au-delà, ces supports de bois sculptés, qu'ils soient figurines ou visages, réaffirment par leurs multiples fonctions l'incursion permanente du sacré au sein de la vie quotidienne, au point que pour beaucoup, la sculpture est devenue comme un second langage. Et force est de reconnaître que partout dans le Nord les hommes manifestent des aptitudes innées à cet art. Chaque villageois est ainsi capable de manier avec un minimum d'habileté l'herminette, la râpe et le burin pour confectionner des objets utilitaires rudimentaires. Les sculpteurs de profession (dits Kpembélés) qui réalisent masques et statues appartiennent cependant à une caste bien spécifique, celle des Koulés, et se regroupent en corporations dans des périmètres clairement délimités.
Vous y êtes en tant que touriste ? Voici les sites à visiter absolument:
Le Mont Korhogo
L'antiquaire Souleymane ARACHI
Le Centre Artisanal
Les sculpteurs du quartier Koko
Le Musée Péléforo Gbon COULIBALY
Le village des tisserands Waraniéné
Le village Kapélé et ses colliers de perles
Le village Lataha berceau du Boloye (ou Bolohi), danse sacrée sénoufo pratiquée par les initiés, aussi appelée " danse des hommes panthères ", car le costume des danseurs imite le pelage du félin
Bienvenue en pays sénoufo ! fotamana !
Sigata A. TIENDAGA